Au Mali la majorité des décès d’enfants de moins de 5 ans sont liés à des maladies infectieuses bénignes, pourtant parfaitement possibles d’éviter et de soigner avec les moyens médicaux disponibles localement : la pneumonie, le paludisme et les maladies diarrhéique représentent ainsi plus de 60% des cas de mortalité des jeunes enfants. De plus, 38 % des enfants souffrent de malnutrition chronique, ce qui renforce leur vulnérabilité face à ces maladies. La mortalité infanto-juvénile reste très importante en zone urbaine en raison d’un faible recours aux soins, et ce malgré la présence de nombreuses structures de soins et de personnel qualifié. Cette situation est principalement due au manque d’accessibilité financière, au manque de connaissance des familles et à leur méfiance vis-à-vis des structures de soins primaires. Le partenariat avec l’association Djantoli, établi autour de deux axes, s’appuie sur le « service Djantoli » visant à faciliter et accélérer le recours des familles aux soins en cas de maladie combinant plusieurs volets :
-Un suivi préventif des jeunes enfants à leur domicile, fondé sur des visites à domicile régulières par des agents de suivi qui collectent des données simples sur l’enfant (poids, périmètre brachial, selles, symptômes) et les transmettent via une application mobile au personnel du centre de santé local afin de dépister et référer rapidement les cas à risque ;
-Une micro-assurance santé pour faciliter l’accès financier aux soins lorsque les enfants tombent malades ;
-Un programme de causeries éducatives à destination des mères visant à améliorer leurs connaissances sur les maladies de l’enfant.
Ce service a déjà bénéficié à plus de 5.000 enfants depuis 2010 (parmi lesquels 8 décès ont été enregistrés) et comptait au 31 décembre 2015 1.734 abonnés actifs. Les familles les plus démunies des zones d’intervention, faute de moyens et bien que le service Djantoli soit conçu pour être très abordable, se voient dans l’obligation de renoncer la plupart du temps totalement aux soins, alors même que leurs conditions de vie précaires les rendent d’autant plus vulnérables face à la maladie. La plupart d’entre elles ignorent par ailleurs l’existence du dispositif d’assistance médicale malien qui pourrait leur donner droit à la gratuité des soins, et se retrouvent ainsi privées de leurs droits. Il s’agit donc de développer des solutions pour accompagner ces familles et leur proposer un accompagnement sanitaire de proximité sur un mode subventionné.
Si le programme d’éducation à la santé a fait ses preuves pour améliorer les connaissances sanitaires des mères, il se traduit encore insuffisamment par un changement réel de comportement. Or, l’amélioration durable de la santé des populations passera nécessairement par l’adoption massive de pratiques préventives au sein des foyers. Disposant d’un lien de confiance unique avec les mères et d’une présence régulière dans les familles, les agents de suivi constituent un formidable levier pour mieux toucher les mères, les sensibiliser de manière personnalisée et les aider concrètement à s’organiser pour mettre en oeuvre ces pratiques.
Il s’agit aujourd’hui de renforcer ce volet en systématisant les temps d’éducation par les agents Djantoli durant la visite à domicile et en assurant un suivi continu des progrès.
- Définition d’un protocole d’éducation sanitaire, encadrant l’intervention des agents de santé lors des visites à domicile ;
- Conception d’outils et de supports pédagogiques et formation des agents de santé sur les pratiques préventives, sur le système de soin et sur les techniques d’accompagnement psycho-social ;
- Sensibilisation des mères lors des visites à domicile et animation de causeries éducatives ;
- Montage de partenariat avec l’ANAM (Agence Nationale d’Assistance Médicale) et le service du développement social de la commune 3 de Bamako en vue d’identifier les enfants indigents éligibles à la gratuité des soins ;
- Mesure de l’effectivité de la gratuité des soins ;
- Mise en place d’un suivi préventif de proximité et de médiation sanitaire pour les enfants des familles bénéficiaires.
- Les 16 agents de suivi sont en capacité de fournir un accompagnement individualisé sur les sujets de santé de la mère et de l’enfant ;
- Les 2 000 mères d’enfants abonnées à Djantoli ont amélioré significativement leurs pratiques et leurs comportements préventifs et sanitaires ;
- Les 300 familles démunies identifiées bénéficient d’une gratuité des soins dans le cadre du RAMED (Régime d’Assistance Médicale) ;
- Les 300 familles démunies identifiées ont amélioré leur capacité à détecter les maladies et à agir quand elles surviennent.
Prévention de la mortalité infantile par l'éducation à la santé dans la commune 3 de Bamako
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Mali
Bamako
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Etat du projet
Achevé
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Durée
2016-2017
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Financement
50 000 €
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Bénéficiaires
500 enfants de familles démunies bénéficiant d’un suivi préventif de proximité et à l’accès gratuit aux soins
300 familles bénéficiant de la gratuité des soins
2000 mères sensibilisées -
Partenaires
Djantoli
Agence Nationale d'Assitance Médicale (ANAM)
Gouvernement Princier -
Objectifs
Améliorer la capacité de prévention, de dépistage et de prise en charge des maladies infantiles courantes, en particulier au sein des familles les plus démunies de la Commune 3 de Bamako
Témoignages

Aïssata
Témoignage d’une mère AMV+ sur les services du projet
« Je me nomme Aïssata et j’étais bénéficiaire du service classique de Djantoli. De ce fait, lorsque l’AMS nommée Astan est venu nous proposer l’offre AMV+, je n’ai pas réfléchi deux fois pour y adhérer car elle avait déjà ma confiance ! En effet, ses visites régulières m’ont permis de suivre de près l’évolution du poids de mon enfant qui avait été diagnostiqué malnutri, et aujourd’hui il est en pleine forme. L’avantage de la nouvelle offre AMV+, c’est qu’on est soigné à moindre frais. En revanche, l’AMV+ ne prend pas tous les médicaments, on espère que leur offre va pouvoir être améliorée en ce sens. »
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Fatoumata
« A l’arrivée de l’Agent de Médiation Sanitaire de Djantoli dans notre ménage, on l’accueille chaleureusement. Il patiente pour attendre que l’enfant sorte tout en nous donnant des conseils sanitaires. Quand on lui présente l’enfant, l’agent procède à sa pesée et nous pose des questions sur son état de santé. En cas de maladie, il nous oriente vers le centre de santé communautaire. (..) Parfois, l’AMS nous parle aussi des différents systèmes d’assurance comme le RAMED ou l’AMV et nous dit où s’adresser au besoin.
Le travail des agents nous apporte beaucoup, nous sommes bien informés et sensibilisés. Aujourd’hui, notre accès aux soins est plus facile et nos enfants sont bien suivis. Maintenant, je sais qu’avec peu d’argent, nous pouvons diminuer les problèmes de santé de nos enfants. »
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